Poemas en Francés





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Acerca de
Poemas en Francés es un blog que pretende acercar poemas de lengua francesa al castellano
Frases
"Por principio, toda traducción es buena. En cualquier caso, pasa con ellas lo que con las mujeres: de alguna manera son necesarias, aunque no todas son perfectas"

Augusto Monterroso

-La palabra mágica-

"Es imposible traducir la poesía. ¿Acaso se puede traducir la música?"

Voltaire

"La traducción destroza el espíritu del idioma"

Federico Garcí­a Lorca
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Michel Houellebecq -Il est vrai-
samedi, septembre 03, 2005
Il est vrai
Michel Houellebecq (1958- )

Il est vrai que ce monde où nous respirons mal
N'inspire plus en nous qu'un dégoût manifeste,
Une envie de s'enfuir sans demander son reste,
Et nous ne lisons plus les titres du journal.

Nous voulons retourner dans l'ancienne demeure
Où nos pères ont vécu sous l'aile d'un archange,
Nous voulons retrouver cette morale étrange
Qui sanctifiait la vie jusqu'à la dernière heure.

Nous voulons quelque chose comme une fidélité,
Comme un enlacement de douces dépendances,
Quelque chose qui dépasse et contienne l'existence ;
Nous ne pouvons plus vivre loin de l'éternité.


Es cierto

Es cierto que este mundo en que nos falta el aire
Sólo inspira en nosotros un asco manifiesto,
Un deseo de huir sin esperar ya nada,
Y no leemos más los títulos del diario.

Queremos regresar a la antigua morada
Donde el ala de un ángel cubría a nuestros padres,
Queremos recobrar esa moral extraña
Que hasta el postrer instante santifica la vida.

Queremos algo como una fidelidad,
Como una imbricación de dulces dependencias,
Algo que sobrepase la vida y la contenga;
No podemos vivir ya sin la eternidad.

Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán

Libellés :

posted by Alfil @ 4:11 PM   1 comments
Michel Houellebecq -Paris-Dourdan-
Paris-Dourdan
Michel Houellebecq (1958- )

À Dourdan, les gens crèvent comme des rats. C'est du moins ce que prétend Didier, un secrétaire de mon service. Pour rêver un peu, je m'étais acheté les horaires du RER - ligne C. J'imaginais une maison, un bull-terrier et des pétunias. Mais le tableau qu'il me traça de la vie à Dourdan était nettement moins idyllique : on rentre le soir à huit heures, il n'y a pas un magasin ouvert ; personne ne vient vous rendre visite, jamais ; le week-end, on traîne bêtement entre son congélateur et son garage. C'est donc un véritable réquisitoire anti-Dourdan qu'il conclut par cette formule sans nuance : "À Dourdan, tu crèveras comme un rat."
Pourtant j'ai parlé de Dourdan à Sylvie, quoiqu'à mots couverts et sur un ton ironique. Cette fille, me disais-je dans l'après-midi en faisant les cent pas, une cigarette à la main, entre le distributeur de café et le distributeur de boissons gazeuses, est tout à fait le genre à désirer habiter Dourdan ; s'il y a une fille que je connaisse qui puisse avoir envie d'habiter Dourdan, c'est bien elle ; elle a toute à fait la tête d'une pro-dourdannaise.
Naturellement, ce n'est là que l'esquisse d'un premier mouvement, d'un tropisme lent qui me porte vers Dourdan et qui mettra peut-être des années à aboutir, probablement même qui n'aboutira pas, qui sera contrecarré et anéanti par le flux des choses, par l'écrasement permanent des circonstances. On peut supposer sans grand risque d'erreur que je n'atteindrai jamais Dourdan ; sans doute même serais-je brisé avant d'avoir dépassé Brétigny. Il n'empêche, chaque homme a besoin d'un projet, d'un horizon et d'un ancrage. Simplement, simplement pour survivre.

Paris-Doudan

En Dourdan la gente revienta como ratas. Al menos, es lo que asegura Didier, uno de los secretarios de la oficina en que trabajo. Para soñar un poco, yo me había comprado el horario del RER - línea C. Me imaginaba una casa, un bull-terrier y petunias. Pero el cuadro que él me pintó de la vida en Dourdan era mucho menos idílico: vuelta a casa a las ocho de la noche, no hay ninguna tienda abierta; nadie viene nunca a visitarnos; el fin de semana uno se arrastra estúpidamente entre el congelador y el garaje. Un verdadero alegato anti-Dourdan, que Didier acabó con esta fórmula sin matices: "En Dourdan vas a reventar como una rata".
Sin embargo, le hablé de Dourdan a Sylvie, aunque con medias palabras y en un tono irónico. Esta chica, me decía a mí mismo esa tarde, yendo y viniendo con un cigarrillo en la mano, entre el distribuidor de café y el distribuidor de refrescos, es de las de las que vivirían de buena gana en Dourdan; si hay una chica entre todas las que conozco que podría querer vivir en Dourdan, es precisamente ella; tiene todo el aspecto de una pro-dourdanesa.
Naturalmente no éste sino el amago de un primer movimiento, de un lento tropismo que me lleva hacia Dourdan y que quizás tarde años en concretarse, y que incluso ni siquiera se concrete, que será contrarrestado y aniquilado por el fluir de las cosas, por el aplastamiento constante de las circunstancias. Es posible suponer, sin mayor riesgo de error, que nunca llegaré a Dourdan; tal vez hasta sea derrotado antes de ir más allá de Brétigny. No importa, todo hombre necesita un proyecto, un horizonte y un lugar de anclaje. Simplemente, simplemente para sobrevivir.

Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán

Libellés :

posted by Alfil @ 12:33 PM   0 comments
Michel Houellebecq -Ce n'est pas cela...-
Ce n'est pas cela...
Michel Houellebecq (1958- )


Ce n'est pas cela. J'essaie de conserver mon corps en bon état. Je suis peut-être mort, je ne sais pas. Il y a quelque chose qu'il faudrait faire, que je ne fais pas. On ne m'a pas appris. Cette année, j'ai beaucoup vieilli. J'ai fumé huit mille cigarettes. Souvent j'ai eu mal à la tête. Il doit pourtant y avoir une façon de vivre ; quelque chose que je ne trouve pas dans les livres. Il y a des êtres humains, il y a des personnages ; mais d'une année sur l'autre c'est à peine si je reconnais leurs visages.
Je ne respecte pas l'homme ; cependant, je l'envie.


No es eso...

No es eso. Trato de conservar mi cuerpo en buen estado. Quizás esté muerto, no lo sé. Hay algo que habría que hacer y que no hago. No me lo han enseñado. Este año he envejecido mucho. He fumado ocho mil cigarrillos. Me ha dolido, a menudo, la cabeza. No obstante debe haber una manera de vivir; algo que no se encuentra en los libros. Hay seres humanos, hay personajes; pero de un año al otro apenas si reconozco las caras.
No respeto al hombre; sin embargo, lo envidio.

Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán

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posted by Alfil @ 12:32 PM   0 comments
Michel Houellebecq -L'amour, l'amour-
L'amour, l'amour
Michel Houellebecq (1958- )


Dans un ciné porno, des retraités poussifs
Contemplaient, sans y croire,
Les ébats mal filmés de deux couples lascifs ;
Il n'y avait pas d'histoire.

Et voilà, me disais-je, le visage de l'amour,
L'authentique visage.
Certains sont séduisants ; ils séduisent toujours,
Et les autres surnagent.

Il n'y a pas de destin ni de fidélité,
Mais des corps qui s'attirent.
Sans nul attachement et surtout sans pitié,
On joue et on déchire.

Certains sont séduisants et partant très aimés ;
Ils connaîtront l'orgasme.
Mais tant d'autres sont las et n'ont rien à cacher,
Même plus de fantasmes ;

Juste une solitude aggravée par la joie
Impudique des femmes ;
Juste une certitude : "Cela n'est pas pour moi",
Un obscur petit drame.

Ils mourront c'est certain un peu désabusés,
Sans illusions lyriques ;
Ils pratiqueront à fond l'art de se mépriser ;
Ce sera mécanique.

Je m'adresse à tous ceux qu'on n'a jamais aimés,
Qui n'ont jamais su plaire ;
Je m'adresse aux absents du sexe libéré,
Du plaisir ordinaire.

Ne craignez rien, amis, votre perte est minime :
Nul part l'amour n'existe.
C'est juste un jeu cruel dont vous êtes les victimes ;
Un jeu de spécialistes.


El amor, el amor

En una sala porno, jubilados jadeantes
Contemplaban, escépticos,
Los brincos mal filmados de parejas lascivas;
Sin ningún argumento.

He aquí, yo me decía, el rostro del amor,
El auténtico rostro.
Seductores, algunos; esos siempre seducen,
Los otros sobrenadan.

El destino no existe ni la fidelidad,
Mera atracción de cuerpos.
Sin apego ninguno, sin ninguna piedad,
Juegan y se desgarran.

Seductores algunos, por ende, codiciados,
Llegarán al orgasmo.
Hartos ya, tantos otros, no tienen ni siquiera
Deseos que ocultar;

Sólo una soledad que acentúa el impúdico
Goce de las mujeres;
Tan sólo una certeza: "Eso no es para mí",
Pequeño drama obscuro.

Morirán es seguro algo desencantados,
Sin ilusiones líricas;
Practicarán a fondo el arte de despreciarse,
De modo bien mecánico.

A quienes nunca fueron amados me dirijo,
A quienes no gustaron;
A los ausentes todos del sexo liberado,
Del placer ordinario;

No temáis nada, amigos, mínima es vuestra pérdida:
No existe, no, el amor.
Es sólo un juego cruel cuyas víctimas sois;
Juego de especialistas.
(La poursuite du bonheur)

Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán

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posted by Alfil @ 11:46 AM   0 comments
Michel Houellebecq -So long-
So long
Michel Houellebecq (1958- )

Il y a toujours une ville, des traces de poètes
Qui ont croisé leur destinée entre ses murs
L'eau coule un peu partout, la mémoire murmure
Des noms de ville, des noms de gens, trous dans la tête.

Et c'est toujours la même histoire qui recommence,
Horizons effondrés et salons de massages
Solitude assumée, respect du voisinage,
Il y a pourtant des gens qui existent et qui dansent.

Ce sont des gens d'une autre espèce, d'une autre race,
Nous dansons tout vivants une danse cruelle
Nous avons peu d'amis mais nous avons le ciel,
Et l'infinie sollicitude des espaces;

Le temps, le temps très vieux qui prépare sa vengeance,
L'incertain bruissement de la vie qui s'écoule
Les sifflements du vent, les gouttes d'eau qui roulent
Et la chambre jaunie où notre mort s'avance.


So long

Hay siempre una ciudad, con huellas de poetas
Que entre sus muros han cruzado sus destinos
Agua por todos lados, la memoria murmura
Nombres de gente, nombres de ciudades, olvidos.

Y siempre recomienza la misma vieja historia,
Horizontes deshechos y salas de masaje
Soledad asumida, vecindad respetuosa,
Hay allí, sin embargo, gente que existe y baila.

Son gente de otra especie, personas de otra raza,
Bailamos exaltados una danza cruel
Y, con pocos amigos, poseemos el cielo,
Y la solicitud sin fin de los espacios;

El tiempo, el viejo tiempo, que urde su venganza,
El incierto rumor de la vida que pasa
El silbido del viento, el goteo del agua
Y el cuarto amarillento en que la muerte avanza.

Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán

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posted by Alfil @ 11:42 AM   0 comments
Victor Hugo -L'homme et la femme-
vendredi, septembre 02, 2005
L'homme et la femme
Victor Hugo (1802 -1885)


L’homme est la plus élevée des créatures;
la femme est le plus sublime des idéaux.

Dieu a fait pour l’homme un trône;
pour la femme un autel.
Le trône exalte; l’autel sanctifie.

L’homme est le cerveau,
la femme le coeur.
Le cerveau fabrique la lumière; le coeur produit l’Amour.
La lumière féconde; l’Amour ressuscite.

L’homme est fort par la raison;
la femme est invincible par les larmes.
La raison convainc;
les larmes émeuvent.

L’homme est capable de tous les héroïsmes;
la femme de tous les martyres.
L’héroïsme ennoblit;
le martyre sublime.

L’homme a la suprématie;
la femme la préférence.
La suprématie signifie la force ;
la préférence représente le droit.

L’homme est un génie,
la femme un ange.
Le génie est incommensurable;
l’ange indéfinissable.

L’aspiration de l’homme, c’est la suprême gloire;
l’aspiration de la femme, c’est l’extrême vertu.
La gloire fait tout ce qui est grand;
la vertu fait tout ce qui est divin.

L’homme est un Code;
la femme un Evangile.
Le Code corrige;
l’Evangile parfait
.
L’homme pense;
la femme songe.
Penser, c’est avoir dans le crâne une larve;
songer, c’est avoir sur le front une auréole.

L’homme est un océan;
la femme est un lac.
L’Océan a la perle qui orne;
le lac, la poésie qui éclaire.

L’homme est un aigle qui vole;
la femme est le rossignol qui chante.
Voler, c’est dominer l’espace;
chanter, c’est conquérir l’Ame.

L’homme est un Temple;
la femme est le Sanctuaire.
Devant le Temple nous nous découvrons;
devant le Sanctuaire nous nous agenouillons.

Enfin: l’homme est placé où finit la terre;
la femme où commence le ciel ».


El hombre y la mujer

El hombre es la más elevada de las criaturas..
la mujer es el más sublime de los ideales..

Dios hizo para el hombre un trono:
para la mujer un altar.
El trono exalta;
el altar santifica.

El hombre es cerebro..
la mujer es corazón..
el cerebro fabrica la luz, el corazón el amor
la luz fecunda, el amor resucita.

El hombre es fuerte por la razón
la mujer es fuerte por las lagrimas
la razón convence
las lagrimas conmueven..

El hombre es capaz de todos los heroísmos
la mujer de todos los martirios
el heroísmo ennoblece
el martirio sublima..

El hombre tiene la supremacía;
la mujer la preferencia
la supremacía significa la fuerza;
la preferencia respresenta el derecho.

El hombre es un genio,
la mujer un ángel.
El genio es inconmensurable;
El ángel indefinible.

La aspiración del hombre, es la suprema gloria;
la aspiración de la mujer, es la extrema virtud.
La gloria hace todo lo que es grande;
La virtud hace todo lo que es divino.

El hombre es código
la mujer es evangelio
el código corrige
el evangelio perfecciona..

El hombre piensa
la mujer sueña
el pensar es tener en el cráneo una larva
soñar es tener en la frente una aureola..

El hombre es un océano;
la mujer es un lago.
El océano tiene la perla que adorna;
El lago, la poesía que enciende.

El hombre es el águila que vuela
la mujer es el ruiseñor que canta
volar es dominar el espacio
cantar el conquistar el alma..

El hombre es un Templo;
la mujer es el Santuario.
Delante del Templo nos descubrimos
Delante del Santuario nos arrodillamos.

En fin! el hombre está colocado donde termina la tierra..
la mujer, donde comienza el cielo

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posted by Alfil @ 7:02 AM   6 comments
Victor Hugo -Saison des semailles-
Saison des semailles
Victor Hugo (1802 -1885)

C'est le moment crépusculaire.
J'admire, assis sous un portail,
Ce reste de jour dont s'éclaire
La dernière heure du travail.

Dans les terres, de nuit baignées,
Je contemple, ému, les haillons
D'un vieillard qui jette à poignées
La moisson future aux sillons.

Sa haute silhouette noire
Domine les profonds labours.
On sent à quel point il doit croire
A la fuite utile des jours.

Il marche dans la plaine immense,
Va, vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main, et recommence,
Et je médite, obscur témoin,

Pendant que, déployant ses voiles,
L'ombre, où se mêle une rumeur,
Semble élargir jusqu'aux étoiles
Le geste auguste du semeur.


Epoca de siembra

Es la hora solemne del crepúsculo.
Bajo la parra del portal sentado,
miro el fulgor postrero que iluminal
os últimos afanes del trabajo.

En la tierra, que tornan renegrida
la sombra nocturnal y el corvo arado,
conmovido contemplo á un achacoso
sembrador que á los surcos lanza el grano.

Sobre el mudo horizonte se destaca
el escueto perfil de aquel anciano,
que deja ver, al rayo del poniente,
sombra en sus ojos y en su cuerpo harapos.

Y siento, al ver cuál lanza la futura
mies bendecida entre los surcos anchos,
la fe, la fe profunda que él abriga
en el útil transcurso de los años.

Recorre la llanura ilimitada,
pasa, vuelve, prosigue. Los puñados
lanza, y torna á lanzar, de la simiente
entre la vaga oscuridad del llano.

Y yo, mudo testigo, lo contemplo
y medito á la vez... La noche en tanto
confunde, al empañar los horizontes,
la negra tierra con el negro espacio.

Y parece que el viejo pensativo,
al extender con majestad la mano,
arroja al infinito la semilla
que en el surco del cielo son los astros.

Versión de José Rivas Groot

Libellés :

posted by Alfil @ 7:00 AM   0 comments
Victor Hugo -Les crucifiés-
Les crucifiés
Victor Hugo (1802 -1885)

La foule tient pour vrai ce qu'invente la haine.
Sur tout grand homme un ver, le mensonge, se traîne.
Tout front ceint de rayons est d'épines mordu ;
A la lèvre d'un dieu le fiel atroce est dû ;
Tout astre a pour manteau les ténèbres infâmes.
Ecoutez. Phidias était marchand de femmes,
Socrate avait un vice auquel son nom resta,
Horace ami des boucs faisait frémir Vesta,
Caton jetait un nègre esclave à la lamproie,
Michel-Ange, amoureux de l'or, homme de proie,
Vivait sous le bâton des papes, lui Romain,
Et leur tendait le dos en leur tendant la main ;
Dans l'oeil de Dante errant la cupidité brille ;
Molière était un peu le mari de sa fille ;
Voltaire était avare et Diderot vénal ;
Devant le genre humain, orageux tribunal,
Pas un homme qu'on n'ait puni de son génie ;
Pas un qu'on n'ait cloué sur une calomnie ;
Pas un, des temps anciens comme de maintenant,
Qui sur le Golgotha de la gloire saignant,
Une auréole au front, ne pende à la croix vile ;
Et les uns ont Caïphe et les autres Zoïle.


Los crucificados

EL vulgo aplaude cuanto inventa el odio,
y en tanto que desgarra su laurel
al férvido Aristógiton, de Harmodio
la gloria mancha con amarga hiel.
En sus iras tan sólo ver anhela
de la ignominia en afrentosa cruz
a cuanto no se arrastra, a cuanto vuela,
a cuanto no es mentira, a cuanto es luz.
Acusa a Fidias de vender mujeres,
al gran Epaminondas de traidor;
a Sócrates de darse a los placeres;
a Aristides, el justo, de impostor.
A Catón, de arrojar á las murenas
sus míseros esclavos; a Colón,
que al indio libre le forjó cadenas...
¡cadenas que llevó en el corazón!
De avaro a Miguel Angel; al divino
entre todos los genios, Rafael,
de vender como torpe libertino,
por impúdicos besos su pincel.
Incestuoso Molier; felón el Dante;
Voltaire ateo; Diderot venal;
¡para todos la sátira infamante;
para todos el látigo infernal!
¿A cuál mártir, apóstol o profeta,
a qué artista, guerrero o trovador
no le ha arrancado la mordaz saeta
de la calumnia, un grito de dolor?
¡Uno solo se encuentra inmaculado
de infamias tántas en el gran festín;
uno solo no está crucificado
por las humanas víboras-Caín!

Versión de R. M. De Mendive

Libellés :

posted by Alfil @ 6:58 AM   0 comments
Victor Hugo -Les insulteurs-
Les insulteurs
Victor Hugo (1802 -1885)


Pourvu que son branchage, au-dessus du marais,
Verdisse, et soit le dôme énorme des forêts,
Qu'importe au chêne l'eau hideuse où ses pieds trempent !
Les insectes affreux de la poussière rampent
Sous le bloc immobile aux broussailles mêlé ;
Mais au géant de marbre, auguste et mutilé,
Au sphinx de granit, rose et sinistre, qu'importe
Ce que de lui, sous lui, peut penser le cloporte !
Dans la nuit où frémit le palmier convulsif,
Le colosse, les mains sur ses genoux, pensif,
Calme, attend le moment de parler à l'aurore ;
Si la limace bave à sa base, il l'ignore ;
Ce dieu n'a jamais su qu'un crapaud remuait ;
Pendant qu'un ver sur lui glisse, il garde, muet,
Son mystère effrayant de sonorité sombre ;
Et le fourmillement des millepieds sans nombre
N'ôte pas à Memnon, subitement vermeil,
La formidable voix qui répond au soleil.


Los insultadores

Con tal que sus ramajes
se extiendan como espléndidos boscajes,
¿qué caso habrá de hacer el cedro erguido
del fango corrompido
donde sus plantas posa, ni del cieno
con que el pequeño mísero gusano
de torpe envidia lleno
quiera manchar su tronco soberano?

Al viejo torreón, perpetuo emblema
de bélico poema;
al Esfinge, entre escombros escondido,
Coloso, que aun dormido
la muerte misma lo contempla absorta,
la injuria de una hormiga ¿qué le importa?

En el silencio de la noche, cuando
sus alas bate, de placer temblando,
el ángel de los sueños fugitivo,
con los brazos cruzados, pensativo,
el Coloso los astros contemplando
en abstracción profunda se recrea.
Entonces él ignora si su sombra
que á veces le rodea,
odio, calumnia ó liviandad se nombra:
no sabe porqué silba la serpiente,
porqué la hiena muerde, porqué miente
la azucena al clavel en sus amores;
por qué se mueve el asqueroso enjambre
de insectos roedores,
porqué son los satélites del hambre
de Dios calumniadores.

En tanto que la turba de reptiles
creyéndolo dormido, se consulta
cuál ha de ser el que mejor le insulta,
él en calma contempla de la aurora
el rayo que las sombras desvanece
y más y más los horizontes dora
con su fúlgida luz...Hablar parece…

Su frente se enrojece,
su pálida mejilla se colora,
su cuerpo se estremece,
inflámanse sus ojos, su cabeza
enérgica levanta
con tanta majestad y tal firmeza
que, al remover la planta,
cobarde tiembla y permanece muda
la turba de gusanos roedores;
¡y el sol con luz espléndida saluda
al gran despreciador de insultadores!

Versión R. M. De Mendive

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posted by Alfil @ 6:56 AM   0 comments
Victor Hugo -Liberté, égalité, fraternité-
Liberté, égalité, fraternité
Victor Hugo (1802 -1885)

Depuis six mille ans la guerre
Plaît aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.

Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré,
N'ôtent aucune démence
Du coeur de l'homme effaré.

Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.

La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.

Notre bonheur est farouche;
C'est de dire : Allons ! mourons !
Et c'est d'avoir à la bouche
La salive des clairons.

L'acier luit, les bivouacs fument;
Pâles, nous nous déchaînons;
Les sombres âmes s'allument
Aux lumières des canons.

Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez,

Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s'il reste
De la chair après vos os !

Aucun peuple ne tolère
Qu'un autre vive à côté;
Et l'on souffle la colère
Dans notre imbécillité.

C'est un Russe ! Egorge, assomme.
Un Croate ! Feu roulant.
C'est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?

Celui-ci, je le supprime
Et m'en vais, le coeur serein,
Puisqu'il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.

Rosbach, Waterloo ! Vengeance !
L'homme, ivre d'un affreux bruit,
N'a plus d'autre intelligence
Que le massacre et la nuit.

On pourrait boire aux fontaines,
rier dans l'ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes;
Tuer son frère est plus doux.

On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux;
L'épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.

Et l'aube est là sur la plaine !
Oh! j'admire, en vérité,
Qu'on puisse avoir de la haine
Quand l'alouette a chanté.


Libertad, igualdad, fraternidad

Ya la guerra y sus horrores
sólo a los pueblos halaga,
y es en vano que Dios haga
las estrellas y las flores.

Ni las rosas, ni los nidos,
ni del cielo la voz pura,
nada enfrena la locura
de sus pechos pervertidos.

La victoria es nuestro amor,
combatir, nuestra costumbre,
y tiene la muchedumbre
por sonaja el atambor.

Como a sus quimeras cuadre,
bajo su carro la Gloria
huella como a vil escoria
a los niños y a la madre.

Matar, morir, es el fin
de nuestra ventura loca,
y llevar sobre la boca
el cerquillo del clarín.

Todo el campo es humo y luz,
la grita, el furor se extienden,
los pechos todos se encienden
al fuego del arcabuz;

Y ello, siempre por tiranos
que, si acaso se os entierra,
mientra os pudrís bajo tierra
estarán de besamanos,

O cuando en profano insulto
los chacales y los cuervos
bajen á saciarse acerbos
en vuestro cuerpo insepulto.

Pueblo ninguno tolera
a otro pueblo por vecino,
y en nuestro pecho mezquino
se insufla pasión artera.

¿Es ruso? ¡Fuego nutrido!
¿Húngaro? ¡Fuego, es muy justo!
¿Porqué hay quien lleva su gusto
hasta usar blanco el vestido?

¿Otro aquí? Démosle fin
y llenamos un deber:
tuvo el crimen de nacer
a la derecha del Rin.

¡Rosbach! ¡Waterloo! ¡Venganza!
Ebrio el hombre de demencia,
sólo tiene inteligencia
para el mal y la matanza.

La fuente á beber convida,
a orar el cielo estrellado,
a amar y soñar el prado:
es mejor ser fratricida.

¡Fuego! ¡sangre! ¡destrucción!
Se saltan montes y llanos:
el pavor crispa las manos
en las crines del bridón.

Y en tanto, el alba clarea...
¡Oh! ¡mucho me admira, a fe,
que oído al odio se dé
cuando la alondra gorjea!

Versión de José Antonio Calcaño

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posted by Alfil @ 6:54 AM   0 comments
Victor Hugo -Le doigt de la femme-
Le doigt de la femme
Victor Hugo (1802 -1885)

Dieu prit sa plus molle argile
Et son plus pur kaolin,
Et fit un bijou fragile,
Mystérieux et câlin.

Il fit le doigt de la femme,
Chef-d'oeuvre auguste et charmant,
Ce doigt fait pour toucher l'âme
Et montrer le firmament.

Il mit dans ce doigt le reste
De la lueur qu'il venait
D'employer au front céleste
De l'heure où l'aurore naît.

Il y mit l'ombre du voile,
Le tremblement du berceau,
Quelque chose de l'étoile,
Quelque chose de l'oiseau.

Le Père qui nous engendre
Fit ce doigt mêlé d'azur,
Très fort pour qu'il restât tendre,
Très blanc pour qu'il restât pur,

Et très doux, afin qu'en somme
Jamais le mal n'en sortît,
Et qu'il pût sembler à l'homme
Le doigt de Dieu, plus petit.

Il en orna la main d'Ève,
Cette frêle et chaste main
Qui se pose comme un rêve
Sur le front du genre humain.

Cette humble main ignorante,
Guide de l'homme incertain,
Qu'on voit trembler, transparente,
Sur la lampe du destin.

Oh ! dans ton apothéose,
Femme, ange aux regards baissés,
La beauté, c'est peu de chose,
La grâce n'est pas assez ;

Il faut aimer. Tout soupire,
L'oncle, la fleur, l'alcyon ;
La grâce n'est qu'un sourire,
La beauté n'est qu'un rayon ;

Dieu, qui veut qu'Ève se dresse
Sur notre rude chemin
Fit pour l'amour la caresse,
Pour la caresse la main.

Dieu, lorsque ce doigt qu'on aime
Sur l'argile fut conquis,
S'applaudit, car le suprême
Est fier de créer l'exquis.

Ayant fait ce doigt sublime,
Dieu dit aux anges : Voilà !
Puis s'endormit dans l'abîme ;
Le diable alors s'éveilla.

Dans l'ombre où Dieu se repose,
Il vint, noir sur l'orient,
Et tout au bout du doigt rose
Mit un ongle en souriant.


El dedo de la mujer

Tomó su más blanda arcilla-
su arcilla más pura-Dios,
y formó un objeto frágil,
misterioso, seductor.

De la mujer hizo el dedo,
obra augusta y deliciosa,
dedo que los cielos muestra
y los corazones toca.

Puso á ese dedo el sobrante
de la luz con que acababa
de alumbrar la gaya frente
a la hora en que nace el alba;

La castidad de los velos,
de las cunas el vaivén,
algo del astro; del ave
también algo puso en él.

Con la sustancia celeste
Dios ese dedo compuso,
fuerte porque fuese tierno,
blanco porque fuese puro;

Y suave para que nunca
saliera dél el veneno,
y para que pareciera
dedo de Dios en pequeño.

Y con él adornó de Eva
la púdica, débil mano,
que se posa en nuestras frentes
como de un sueño el encanto.

Humilde mano ignorante,
guía del hombre indeciso,
que tiembla y se trasparenta
sobre la ley del destino.

¡Oh! para tu apoteosis,
ángel de casta mirada,
la belleza es poca cosa,
y no es bastante la gracia.

Fuerza es amar. Todo ama:
la onda, la flor, el alción;
la gracia solo es sonrisa,
y la belleza un fulgor.

Dios, que á Eva poner quiso
en nuestra senda de espinas,
la caricia al amor dióle,
y la mano á la caricia.

Cuando aquel amable dedo
de la arcilla hubo salido,
Dios se aplaudió: -lo supremo
goza en crear lo exquisito.

Hecho aquel dedo sublime,
Dios dijo al cielo: -¡Aquí está!-
y se adormeció en seguida
en su augusta eternidad...

El Diablo entonces despierta,
viene empañando la aurora,
y sonrïendo una uña
en aquel dedo coloca.

Versión de Domingo Arteaga Alemparte

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Victor Hugo -A Jeanne-
A Jeanne
Victor Hugo (1802 -1885)

Ces lieux sont purs ; tu les complètes.
Ce bois, loin des sentiers battus,
Semble avoir fait des violettes,
Jeanne, avec toutes tes vertus.

L'aurore ressemble à ton âge ;
Jeanne, il existe sous les cieux
On ne sait quel doux voisinage
Des bons coeurs avec les beaux lieux.

Tout ce vallon est une fête
Qui t'offre son humble bonheur ;
C'est un nimbe autour de ta tête ;
C'est un éden en ton honneur.

Tout ce qui t'approche désire
Se faire regarder par toi,
Sachant que ta chanson, ton rire,
Et ton front, sont de bonne foi.

Ô Jeanne, ta douceur est telle
Qu'en errant dans ces bois bénis,
Elle fait dresser devant elle
Les petites têtes des nids.


A Juana

EL campo es un edén, que tú completas.
La solitaria selva en esta umbría
parece que ha formado sus violetas
con todas tus virtudes, Juana mía.

En el cielo la aurora esplendorosa
como tu fresca juventud fulgura:
hay relación secreta y misteriosa
entre un bello lugar y un alma pura.

La esfera azul y el valle sonriente
bríndante al par sus alegrías santas:
el cielo es aureola de tu frente,
el verjel es alfombra de tus plantas.

Cuanto florece en la extensión tranquila
un rayo busca de tus bellos ojos,
porque brilla sin nubes tu pupila,
porque brilla tu frente sin enojos.

Y es tan dulce el fulgor de tu hermosura,
que al pasar por los bosques escondidos,
cantando asoman en la sombra oscura
las tiernas cabecitas de los nidos.

Versión de Teodoro Llorente

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Victor Hugo -La sultane favorite-
La sultane favorite
Victor Hugo (1802 -1885)

N'ai-je pas pour toi, belle juive,
Assez dépeuplé mon sérail ?
Souffre qu'enfin le reste vive.
Faut-il qu'un coup de hache suive
Chaque coup de ton éventail ?

Repose-toi, jeune maîtresse.
Fais grâce au troupeau qui me suit.
Je te fais sultane et princesse :
Laisse en paix tes compagnes, cesse
D'implorer leur mort chaque nuit.

Quand à ce penser tu t'arrêtes,
Tu viens plus tendre à mes genoux ;
Toujours je comprends dans les fêtes
Que tu vas demander des têtes
Quand ton regard devient plus doux.

Ah ! jalouse entre les jalouses !
Si belle avec ce coeur d'acier !
Pardonne à mes autres épouses.
Voit-on que les fleurs des pelouses
Meurent à l'ombre du rosier ?

Ne suis-je pas à toi ? Qu'importe,
Quand sur toi mes bras sont fermés,
Que cent femmes qu'un feu transporte
Consument en vain à ma porte
Leur souffle en soupirs enflammés ?

Dans leur solitude profonde,
Laisse-les t'envier toujours ;
Vois-les passer comme fuit l'onde ;
Laisse-les vivre : à toi le monde !
A toi mon trône, à toi mes jours !

A toi tout mon peuple - qui tremble !
A toi Stamboul qui, sur ce bord
Dressant mille flèches ensemble,
Se berce dans la mer, et semble
Une flotte à l'ancre qui dort !

A toi, jamais à tes rivales,
Mes spahis aux rouges turbans,
Qui, se suivant sans intervalles,
Volent courbés sur leurs cavales
Comme des rameurs sur leurs bancs !

A toi Bassoral, Trébizonde,
Chypre où de vieux noms sont gravés,
Fez où la poudre d'or abonde,
Mosul où trafique le monde,
Erzeroum aux chemins pavés !

A toi Smyrne et ses maisons neuves
Où vient blanchir le flot amer !
Le Gange redouté des veuves !
Le Danube qui par cinq fleuves
Tombe échevelé dans la mer !

Dis, crains-tu les filles de Grèce ?
Les lys pâles de Damanhour ?
Ou l'oeil ardent de la négresse
Qui, comme une jeune tigresse,
Bondit rugissante d'amour ?
Que m'importe, juive adorée,
Un sein d'ébène, un front vermeil !
Tu n'es point blanche ni cuivrée,
Mais il semble qu'on t'a dorée
Avec un rayon de soleil.

N'appelle donc plus la tempête,
Princesse, sur ces humbles fleurs,
Jouis en paix de ta conquête,
Et n'exige pas qu'une tête
Tombe avec chacun de tes pleurs !

Ne songe plus qu'aux vrais platanes
Au bain mêlé d'ambre et de nard,
Au golfe où glissent les tartanes...
Il faut au sultan des sultanes ;
Il faut des perles au poignard !


La sultana favorita

- No despoblé ya bastante
mi serrallo, linda hebrea ?
Permite que él resto viva
¡basta de celos! ¿Es fuerza
que al mover tú el abanico
el hacha el verdugo mueva?
Descansa, querida mía;
¿no eres sultana y princesa?
En paz deja a mis cautivas,
en paz á tus compañeras,
y no vengas a arrancarme
cada noche una sentencia.
Cuando a tu dorado seno
con más cariño me estrechas,
y son más dulces tus besos
y tus miradas más tiernas,
sé que por cada caricia
me pides una cabeza.

¡Oh celosa entre celosas,
tan cruel siendo tan bella!
¡Gracia para la hermosura!
¿Has visto tú que perezcan
a la sombra de las rosas
las flores de la pradera?
¿No soy tuyo? ¿Qué te importa,
si en tus brazos me encadenas,
que, el fuego que las devora,
en suspiros a mi puerta
vengan á exhalar en vano
cien desdeñadas bellezas?
Déja que solas, llorando
de envidia, gozar te vean;
para ti es el mundo todo
y mi amor y mi existencia.

Para ti, para ti sola,
mi pueblo que al verme tiembla,
y Estambul, que en estas playas
elevando sus mil flechas,
parece una flota anclada
de la mar en las riberas.
Para ti, para ti sola,
esos espahís que vuelan,
sobre la silla encorvándose
de sus incansables yeguas,
cual se encorvan los remeros
de las rápidas galeras.
Para ti Chipre, que guarda
nombres de lejanas épocas;
y Basora y Trebizonda;
Mozul, do el mundo comercia;
Fez, cuyos ríos arrastran
oro en polvo por arenas;
Ercerum, con sus caminos
enlosados de anchas piedras;
para ti la blanca Esmirna
que la mar amarga besa.

Dime, díme; ¿acaso temes
las blancas hijas de Grecia,
o las miradas ardientes
de la enamorada negra
que ruge como una tigre,
si el amor la aguijonea?
¿Qué me importa un seno de ébano
o un rostro de rosas frescas?
tú no eres negra ni blanca;
mas doró tu faz morena
el rayo de luz más puro
que el sol del Asia destella.
Déja que esas pobres flores
su cáliz abran modestas;
goza en paz de tu conquista;
no exijas que una cabeza
con cada lágrima caiga
que tus ojos negros viertan.
No pienses más que en los plátanos
que tus jardines sombrean;
en el baño perfumado
con balsámicas esencias:
en el golfo do las góndolas
las aguas surcan ligeras...
Requiere el sultán sultanas
cual requiere el puñal perlas.

Versión de Teodoro Llorente

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Victor Hugo -L'enfant-
L’enfant
Victor Hugo (1802 -1885)

Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil,
Chio, qu’ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grand bois,
Ses coteaux , ses palais, et le soir quelquefois
Un chœur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée.
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oublié.

Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l’onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux.
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tête blonde,
Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaiement et gaiement ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n’ont pas subi l’affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?

Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d’Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand
Qu’un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleux,
Je veux de la poudre et des balles.


El niño

Allí el Turco ha pasado! Allí, como huracán de sangre y duelo,
el rastro de sus pasos ha dejado en ruinas y en escombros sobre el suelo.
Chío, la isla de los dulces vinos, de montañas y valles ondulada,
Chío la de los bosques de carpinos, que se ufanó en las aguas retratada,
hora del Turco so el poder impío semeja en medio al mar peñasco umbrío.

Bajo el bárbaro azote del tirano que de duelo y de luto la ha cubierto,
es su antiguo esplendor recuerdo vano, es su suelo feraz yermo desierto.
¿Sus hijos dónde están? Nobles cayeron en la lid desigual y funeraria,
y hoy no turba en su sueño a los que fueron planta humana en la playa solitaria.
Pero, allí junto al muro del soberbio palacio derruído,
un tierno niño, candoroso y puro, pálido y dolorido,
apoyado en un árbol de oxiacanto inclina la cabeza ahogado en llanto.

Pobre niño, desnudo y pesaroso, a quien hirió con su furor la suerte,
huérfano ¡oh Dios! acaso sin reposo, dí ¿qué puede en tu duelo distraerte?
Dulce niño inocente, ¿qué busca tu ilusión en sus afanes?
Por que asome el placer sobre tu frente, y en lujo de alegría te engalanes,
y mueran tus congojas, yo te daré el regalo que tú escojas.
¿Qué quieres por que vuelvan tus cabellos a embellecer en bucles arreglados
la blanca espalda que se ornó con ellos? Hora desaliñados
cual las hojas del sauce caen llorosos, yendo a empañar tu frente con sus ondas,
y tus azules ojos tan hermosos se velan ¡ay! bajo sus hebras blondas.

¿Qué es lo que puede disipar, criatura, de tus pesares la tormenta oscura?
¡Ah! ¿qué puede alegrarte, pobre niño? ¿Quieres la flor que se suspende airosa
sobre el pozo de Irán hondo y sombrío, la flor de lis, más bella que la rosa,
azul como tus ojos, cuyo azul al del cielo diera enojos?
¿O la fruta del árbol admirable que un caballo a galope tardaría
cien años con empeño perdurable para cruzar su sombra, y no podría?

¡Ah, dí si sonreirás dándote el ave que al bosque anima con la voz más suave!
¿Qué quieres, inocente criatura, para reír y prorrumpir en canto,
para arrojar de tu alma la tristura y de tu faz la palidez y el llanto?
¿Quieres la bella flor maravillosa? ¿quieres la fruta del tubá sabrosa?
¿ó acaso el ave de pintadas alas?
-Amigo, el niño griego me responde, quiero pólvora y balas!-

Versión de José Sienra Carranza

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Victor Hugo -Lazzara-
Lazzara
Victor Hugo (1802 -1885)

Comme elle court ! voyez : - par les poudreux sentiers,
Par les gazons tout pleins de touffes d'églantiers,
Par les blés où le pavot brille,
Par les chemins perdus, par les chemins frayés,
Par les monts, par les bois, par les plaines, voyez
Comme elle court, la jeune fille !

Elle est grande, elle est svelte, et quand, d'un pas joyeux,
Sa corbeille de fleurs sur la tête, à nos yeux
Elle apparaît vive et folâtre,
A voir sur son beau front s'arrondir ses bras blancs,
On croirait voir de loin, dans nos temples croulants,
Une amphore aux anses d'albâtre.

Elle est jeune et rieuse, et chante sa chanson,
Et, pieds nus, près du lac, de buisson en buisson,
Poursuit les vertes demoiselles.
Elle lève sa robe et passe les ruisseaux.
Elle va, court, s'arrête et vole, et les oiseaux
Pour ses pieds donneraient leurs ailes.

Quand, le soir, pour la danse on va se réunir,
A l'heure où l'on entend lentement revenir
Les grelots du troupeau qui bêle,
Sans chercher quels atours à ses traits conviendront,
Elle arrive, et la fleur qu'elle attache à son front
Nous semble toujours la plus belle.

Certes, le vieux Omer, pacha de Négrepont,
Pour elle eût tout donné, vaisseaux à triple pont,
Foudroyantes artilleries,
Harnois de ses chevaux, toisons de ses brebis,
Et son rouge turban de soie, et ses habits
Tout ruisselants de pierreries ;

Et ses lourds pistolets, ses tromblons évasés,
Et leurs pommeaux d'argent par sa main rude usés,
Et ses sonores espingoles,
Et son courbe damas, et, don plus riche encor,
La grande peau de tigre où pend son carquois d'or,
Hérissé de flèches mogoles.

Il eût donné sa housse et son large étrier ;
Donné tous ses trésors avec le trésorier ;
Donné ses trois cents concubines ;
Donné ses chiens de chasse aux colliers de vermeil ;
Donné ses albanais, brûlés par le soleil,
vec leurs longues carabines.

Il eût donné les Francs, les Juifs et leur rabbin ;
Son kiosque rouge et vert, et ses salles de bain
Aux grands pavés de mosaïque ;
Sa haute citadelle aux créneaux anguleux ;
Et sa maison d'été qui se mire aux flots bleus
D'un golfe de Cyrénaïque.

Tout ! jusqu'au cheval blanc, qu'il élève au sérail,
Dont la sueur à flots argente le poitrail ;
Jusqu'au frein que l'or damasquine ;
Jusqu'à cette espagnole, envoi du dey d'Alger,
Qui soulève, en dansant son fandango léger,
Les plis brodés de sa basquine !

Ce n'est point un pacha, c'est un klephte à l'oeil noir
Qui l'a prise, et qui n'a rien donné pour l'avoir ;
Car la pauvreté l'accompagne ;
Un klephte a pour tous biens l'air du ciel, l'eau des puits,
Un bon fusil bronzé par la fumée, et puis
La liberté sur la montagne.


Lázara

¡Mirad, mirad cómo corre! ¡Por las sendas empolvadas,
por los céspedes floridos, llenos de espinosas zarzas,
por las mieses donde brillan las amapolas de grana,
por el escabroso atajo, por la vereda trillada,
por las selvas, por los prados, por las ásperas montañas,
mirad, mirad cómo corre, mirad cómo corre Lázara!

Es bella, es alta, es esbelta, y cuando arrogante marcha,
un canastillo de flores en su cabeza gallarda,
los blancos brazos sobre ellas doblando con tanta gracia,
imaginara cualquiera ver a lo lejos un ánfora,
con sus asas de alabastro, sobre nuestras rotas aras.

Es joven y juguetona, y alegres canciones canta,
y huella con pies desnudos del lago la húmeda playa,
persiguiendo al leve insecto de alas brillantes y diáfanas;
y su falda replegando, los limpios arroyos pasa;
correr va y vuelve, y los pájaros dieran por sus pies sus alas.

Al espirar de la tarde, cuando se escuchan lejanas
las campesinas ovejas que al volver al redil balan,
aparece en la pradera donde el baile se prepara,
y todos la flor más bella ven en la flor que gallarda
de sus lustrosos cabellos prendió en las trenzas rizadas.

El pachá de Negroponto diera por la herniosa Lázara
sus navíos de tres puentes, sus cañones y bombardas,
de sus caballos las sillas, de sus ovejas las lanas,
y su turbante de seda con sus perlas y esmeraldas.

En verdad por ella diera sus adamasquinas dagas,
que por sus manos gastados tienen los puños de plata;
y sus pesadas pistolas, y su corva cimitarra,
y su rico carcaj de ororepleto de flechas tártaras.

Diera sus anchos estribos,los tesoros de sus arcas,
y el tesorero con ellos, que vigilante los guarda;
sus trescientas concubinas, sus fieles perros de caza,
sus tostados albaneses con sus luengas espingardas.

Diera todos los judíos y el rabino que los manda;
diera los francos, y el kiosko rojo y azul, y las salas
de los baños aromáticos, de mosaico embaldosadas;
y las torres formidables de su robusta alcazaba;
y su quinta de verano, que trasparentes retratan
las mansas ondas azulesdel mar de la Cirenaica.

¡Todo! hasta el caballo blanco que cual un tesoro guarda,
hasta la linda española que el dey de Argel le enviara,
y de la falda flotante, cuando su fandango baila,
los anchos pliegues bordados con dulce mano levanta.

Y de un clefto de ojos negros y no de un pachá es esclava;
es su señor y su amante, y no dió por ella nada:
porque un clefto sólo tiene en los manantiales agua,
ambiente libre en el campo, la carabina y la daga,
y su libertad errante en el bosque y la montaña.

Versión de Teodoro Llorente

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posted by Alfil @ 6:44 AM   0 comments
Victor Hugo -Sultan Achmet-
Sultan Achmet
Victor Hugo (1802 -1885)


A Juana la grenadine,
Qui toujours chante et badine,
Sultan Achmet dit un jour :
- Je donnerais sans retour
Mon royaume pour Médine,
Médine pour ton amour.

- Fais-toi chrétien, roi sublime !
Car il est illégitime,
Le plaisir qu'on a cherché
Aux bras d'un turc débauché.
J'aurais peur de faire un crime.
C'est bien assez du péché.

- Par ces perles dont la chaîne
Rehausse, ô ma souveraine,
Ton cou blanc comme le lait,
Je ferai ce qui te plaît,
Si tu veux bien que je prenne
Ton collier pour chapelet.


El Sultán Achmet

A Juana la granadina,
siempre risueña y ladina,
dijo Achmet, lleno de ardor:
Yo daría sin dolor
mis dominios por Medina,
y Medina por tu amor.

«Rey sublime, hazte cristiano,
que es, en brazos de un pagano,
ilegítimo el placer;
temo un crimen cometer
amando á un turco liviano,
y pecar... ¡no puede ser !»

«Por las perlas con que ufana
sabes, dulce soberana,
tu blancura realzar,
estoy pronto a apostatar;
pero has de darme, cristiana,
por rosario tu collar.»

Versión de Fidel Cano

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posted by Alfil @ 6:42 AM   0 comments
Victor Hugo -Extase-
Extase
Victor Hugo (1802 -1885)

J'étais seul près des flots, par une nuit d'étoiles.
Pas un nuage aux cieux, sur les mers pas de voiles.
Mes yeux plongeaient plus loin que le monde réel.
Et les bois, et les monts, et toute la nature,
Semblaient interroger dans un confus murmure
Les flots des mers, les feux du ciel.

Et les étoiles d'or, légions infinies,
A voix haute, à voix basse, avec mille harmonies,
Disaient, en inclinant leurs couronnes de feu ;
Et les flots bleus, que rien ne gouverne et n'arrête,
Disaient, en recourbant l'écume de leur crête :
- C'est le Seigneur, le Seigneur Dieu.


Éxtasis

A la orilla del mar yo estaba solo;
era una noche espléndida de estrellas;
bajo el límpido cielo ni una nube,
sobre la mar dormida ni una vela.
Mis ojos insaciables traspasaban
de ese horizonte vago las barreras,
y todo el universo, el monte, el valle,
las florestas oscuras, la alta peña,
en confuso murmurio, parecían
interrogar de la celeste esfera,
a la apacible lumbre y á las ondas
que abraza en su confín la mar inmensa.

La innumerable armada desparcida
de temblorosas, nítidas estrellas
- "¡el Señor!"-humildes murmuraban
bajo la viva luz de sus diademas;
y las azules ondas, perturbando
el solemne silencio de la tierra,
en lánguido crescendo respondían,
jugando con la espuma de sus crestas:
-"¡Es Dios... el Señor Dios! ¡En las alturas
gloría al que al mar con su poder sujeta!"-

Versión de José Ignacio Trujillo

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Victor Hugo -L'épopée du lion- I. Le paladin-
L'épopée du lion
Victor Hugo (1802 -1885)

I. Le paladin

Un lion avait pris un enfant dans sa gueule,
Et, sans lui faire mal, dans la forêt, aïeule
Des sources et des nids, il l'avait emporté.
Il l'avait, comme on cueille une fleur en été,
Saisi sans trop savoir pourquoi, n'ayant pas même
Mordu dedans, mépris fier ou pardon suprême ;
Les lions sont ainsi, sombres et généreux.
Le pauvre petit prince était fort malheureux ;
Dans l'antre, qu'emplissait la grande voix bourrue,
Blotti, tremblant, nourri d'herbe et de viande crue.
Il vivait, presque mort et d'horreur hébété.
C'était un frais garçon, fils du roi d'à côté ;
Tout jeune, ayant dix ans, âge tendre où l'œil brille ;
Et le roi n'avait plus qu'une petite fille
Nouvelle-née, ayant deux ans à peine ; aussi
Le roi qui vieillissait n'avait-il qu'un souci,
Son héritier en proie au monstre ; et la province
Qui craignait le lion plus encor que le prince
Était fort effarée.

Un héros qui passait
Dans le pays fit halte, et dit : Qu'est-ce que c'est ?
On lui dit l'aventure ; il s'en alla vers l'antre.
Un creux où le soleil lui-même est pâle, et n'entre
Qu'avec précaution, c'était l'antre où vivait
L'énorme bête, ayant le rocher pour chevet.

Le bois avait, dans l'ombre et sur un marécage,
Plus de rameaux que n'a de barreaux une cage ;
Cette forêt était digne de ce consul ;
Un menhir s'y dressait en l'honneur d'Irmensul ;
La forêt ressemblait aux halliers de Bretagne ;
Elle avait pour limite une rude montagne,
Un de ces durs sommets où l'horizon finit ;
Et la caverne était taillée en plein granit,
Avec un entourage orageux de grands chênes ;
Les antres, aux cités rendant haines pour haines,
Contiennent on ne sait quel sombre talion.
Les chênes murmuraient : Respectez le lion !

Le héros pénétra dans ce palais sauvage ;
L'antre avait ce grand air de meurtre et de ravage
Qui sied à la maison des puissants, de l'effroi,
De l'ombre, et l'on sentait qu'on était chez un roi ;
Des ossements à terre indiquaient que le maître
Ne se laissait manquer de rien ; une fenêtre
Faite par quelque coup de tonnerre au plafond
L'éclairait ; une brume où la lueur se fond,
Qui semble aurore à l'aigle et nuit à la chouette,
C'est toute la clarté qu'un conquérant souhaite ;
Du reste c'était haut et fier ; on comprenait
Que l'être altier couchait sur un lit de genêt
Et n'avait pas besoin de rideaux de guipure,
Et qu'il buvait du sang, mais aussi de l'eau pure,
Simplement, sans valet, sans coupe et sans hanap.
Le chevalier était armé de pied en cap.
Il entra.

Tout de suite il vit dans la tanière
Un des plus grands seigneurs couronnés de crinière
Qu'on pût voir, et c'était la bête ; elle pensait ;
Et son regard était profond, car nul ne sait
Si les monstres des bois n'en sont pas les pontifes ;
Et ce lion était un maître aux larges griffes,
Sinistre, point facile à décontenancer.
Le héros approcha, mais sans trop avancer.
Son pas était sonore, et sa plume était rouge.
Il ne fit remuer rien dans l'auguste bouge.
La bête était plongée en ses réflexions.
Thésée entrant au gouffre où sont les Ixions
Et les Sisyphes nus et les flots de l'Averne,
Vit à peu près la même implacable caverne.
Le paladin, à qui le devoir disait : va !
Tira l'épée. Alors le lion souleva
Sa tête doucement d'une façon terrible.

Et le chevalier dit : – Salut, ô bête terrible !
Tu caches dans les trous de ton antre un enfant ;
J'ai beau fouiller des yeux ton repaire étouffant,
Je ne l'aperçois pas. Or, je viens le reprendre.
Nous serons bons amis si tu veux me le rendre ;
Sinon, je suis lion aussi, moi, tu mourras ;
Et le père étreindra son enfant dans ses bras,
Pendant qu'ici ton sang fumera, tiède encore ;
Et c'est ce que verra demain la blonde aurore.
Et le lion pensif lui dit : – Je ne crois pas.

Sur quoi le chevalier farouche fit un pas,
Brandit sa grande épée, et dit : Prends garde, sire !
On vit le lion, chose effrayante, sourire.
Ne faites pas sourire un lion. Le duel
S'engagea, comme il sied entre géants, cruel,
Tel que ceux qui de l'Inde ensanglantent les jungles.
L'homme allongea son glaive et la bête ses ongles ;
On se prit corps à corps, et le monstre écumant
Se mit à manier l'homme effroyablement ;
L'un était le vaillant et l'autre le vorace ;
Le lion étreignit la chair sous la cuirasse,
Et, fauve, et sous sa griffe ardente pétrissant
Ce fer et cet acier, il fit jaillir le sang
Du sombre écrasement de toute cette armure,
Comme un enfant rougit ses doigts dans une mûre ;
Et puis l'un après l'autre il ôta les morceaux
Du casque et des brassards, et mit à nu les os.
Et le grand chevalier n'était plus qu'une espèce
De boue et de limon sous la cuirasse épaisse ;
Et le lion mangea le héros. Puis il mit
Sa tête sur le roc sinistre et s'endormit.


La epopeya del león

I. El paladín

Robado entre sus dientes, sin dañarlo,
se llevaba un León á un tierno niño
a ocultarlo en la selva, esa gigante
abuela del arroyo y de los nidos...
Cual se coge una flor porque es hermosa,
sin saber cómo, habíalo cogido,
adusto y sin crueldad, que los Leones
son así: generosos y sombríos...
Sin libertarse del profundo espanto,
era muy desgraciado el pobre niño
en la espantosa cueva, cuyas rocas
temblaban de la fiera a los rugidos.
Transido de pavor, desnudo, inerme,
esperando la muerte siempre tímido,
hierbas comiendo o carne palpitante,
¡vivía casi muerto, embrutecido!
Era este hermoso niño, de dos lustros,
el hijo y sucesor de un rey vecino,
que otra hijita tenía, solamente
de dos años de edad. Por redimirlo
mil dones daba el rey, pero su pueblo
más temía al León que á su rey mismo...

Llegó por fin un héroe, oyó la historia,
y al antro del León marchó aguerrido...
Una caverna do penetran pálidos
del refulgente sol los rayos vívidos,
era la residencia de aquel monstruo
que se adormía en lecho de granito.

Más rejas que los hierros de una jaula
tenía el bosque de árboles tupidos,
entre cuyos ramajes se elevaba
en honor de Irminsul un obelisco.
Protegía a la cueva una montaña
de esas que forman horizonte. Un círculo
de encinas cólosales la rodeaba
y sus flancos dejaba defendidos.
Odio por odio a la ciudad volviendo,
hasta el viento, al zumbar en aquel sitio,
parecía decir con voz sañuda:
- "¡Respetad al León, éste es su asilo!"

El hombre, que los bosques no respeta,
que parece afanarse en extinguirlos,
y en su orgullo no ve que por las fieras
están, contra su estrago, protejidos
,nada de lo que en ellos se guarece
venera en su locura, y su dominio
ejerce en profanar lo que es sagrado,
el antro del León descubrió altivo.
El paladín penetra en la caverna
y halla entre los despojos de exterminio
inequívocas pruebas de que habita
un verdadero rey en su circuito.
Huellas doquier de muertes y de estragos,
osamentas y craneos esparcidos,
todo manifestaba que el monarca
de nada se privaba en su apetito...
Un destello de sol por una grieta
abierta por el rayo, entraba tímido...
era la hora en que despierta el águila
y vuelven las lechuzas a sus nidos...
Modesto era el palacio...allí no había
encaje ni blasón, jarro ni vino:
¡el rey bebía sangre !...El caballero
entró de punta en blanco, espada al cinto...

Y pronto vió en la cueva uno de aquellos
crinados monstruos de imponente aspecto
¡al León, que severo meditaba
cual pontífice ungido del desierto!
Y era enorme el León, de agudas garras,
de alta cerviz y de robusto cuello,
de tremendo mirar, y acostumbrado
solamente a inspirar ¡no a sentir miedo!
Con tranquilo valor al fondo oscuro
se aproxima al intrépido guerrero,
sin que halle más de nuevo que la calma
que encontró entre los Sísifos Teseo...
El paladín, a que el valor le grita
-¡Adelante!-desnudo alza el acero...
Sólo entonces el León abre los ojos
y al paladín contempla somnoliento.

- "¡Salud, bestia, salud!"-díjole el joven,
"tú aquí ocultas á un niño, que yo vengo
a libertar de ti; mas no habrá lucha
si consientes al punto en devolvérmelo...
«¡Yo también soy León ! ¡Vea su padre
al niño entre los suyos... o tu cuerpo
tibio vapor exhalará bien pronto!»
Pensó la fiera y dijo:- «¡No lo creo!»

Avanzó el paladín, blandió la espada,
- Defiéndete!»-le dijo, -y con desprecio
la fiera se sonrió... ¡sonrisa horrible!
Y entre hombre y monstruo establecióse el duelo.
Embístense los dos... vibra la espada...
¡ruge el León, y unidos cuerpo a cuerpo
al paladín, espuma vomitando,
lo revuelca en sus garras por el suelo!
¡Ya casi triunfa el héroe del carnívoro...
mas el León lo oprime con su peso,
y hundiéndole en las carnes la armadura,
hace un montón de miembros y de acero!
Quedó rojo el recinto, y contemplando
informe masa y triturados huesos
lo que fué un paladín, ¡sobre esa masa
tranquilo el monstruo se quedó durmiendo!

Versión de José Antonio Soffia

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Victor Hugo -L'épopée du lion- II. L'ermite-
L'épopée du lion
Victor Hugo (1802 -1885)

II. L'ermite

Alors vint un ermite.

Il s'avança vers l'antre ;
Grave et tremblant, sa croix au poing, sa corde au ventre,
Il entra. Le héros tout rongé gisait là
Informe, et le lion, se réveillant, bâilla.
Le monstre ouvrit les yeux, entendit une haleine,
Et, voyant une corde autour d'un froc de laine,
Un grand capuchon noir, un homme là dedans,
Acheva de bâiller, montrant toutes ses dents ;
Puis, auguste, et parlant comme une porte grince,
Il dit : – Que veux-tu, toi ? – Mon roi. – Quel roi ? – Mon prince.
– Qui ? – L'enfant. – C'est cela que tu nommes un roi !
L'ermite salua le lion. – Roi, pourquoi
As-tu pris cet enfant ? – Parce que je m'ennuie.
Il me tient compagnie ici les jours de pluie.
– Rends-le-moi. – Non. Je l'ai. – Qu'en veux-tu faire enfin ?
Le veux-tu donc manger ? – Dame ! si j'avais faim !
– Songe au père, à son deuil, à sa douleur amère.
– Les hommes m'ont tué la lionne, ma mère.
– Le père est roi, seigneur, comme toi. – Pas autant.
S'il parle, c'est un homme, et moi, quand on m'entend,
C'est le lion. – S'il perd ce fils... – Il a sa fille.
– Une fille, c'est peu pour un roi. – Ma famille
A moi, c'est l'âpre roche et la fauve forêt,
Et l'éclair qui parfois sur ma tête apparaît ;
Je m'en contente. – Sois clément pour une altesse.
– La clémence n'est pas ; tout est de la tristesse.
– Veux-tu le paradis ? Je t'offre le blanc-seing
Du bon Dieu. – Va-t'en, vieil imbécile de saint !

L'ermite s'en alla.


La epopeya del león

II. El ermitaño

Llega después un ermitaño.

Lleva una cruz y un cordón; y sin otra arma
entra, sin susto, á la espantosa cueva.
Se apercibe el León, mas no se alarma.
Después de bostezar, la frente eleva,
y, cuando al monje ve, más se desarma
su instinto natural...Causando hielo,
deshecho el paladín yace en el suelo...
Y como el rechinar que se oye abriendo
férrea puerta, la fiera así le dijo
- «¿Qué buscas? »- «A mi rey.»- «¿Qué estás diciendo? »
-«Al príncipe.»- «¿Qué es eso ?»- «Al niño, al hijo
de mi señor...»- «¡Al cabo te comprendo!
¿y eso llaman un rey?... » - «Sí. Yo te exijo
por mi Dios, que lo vuelvas a su padre... »
-«¡No!...los hombres mataron á mi madre...»
- «¡De mi rey ten piedad!... ¿No te conmueve
su profundo dolor?...»- «¡No, que ese niño
me acompaña en las noches cuando llueve!...»
- «¡El era de mi rey todo el cariño!...»
-«Tiene á más una hija... »- «Pero él debe
ser su heredero... »-«Yo mi amor no ciño
a un objeto: yo admiro en la montaña
cuanto ama el sol, que mi melena baña...»
- «¡Tén lástima de un padre tan doliente,
que es un monarca como tú !...»- «¡No tanto:
él es un hombre...yo un León...- «¡Clemente
hazlo feliz!...»- El me odia con espanto!»
- «¡Yo el cielo te abriré!...»- «¡Véte, insolente
ficcioso viejo, con barniz de santo...»

Y el monje viendo al animal furioso,
tornó su paso á la ciudad, medroso...

Versión de José Antonio Soffia

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Victor Hugo -L'épopée du lion- III. La chasse et la nuit-
L'épopée du lion
Victor Hugo (1802 -1885)

III. La chasse et la nuit

Le lion solitaire,
Plein de l'immense oubli qu'ont les monstres sur terre,
Se rendormit, laissant l'intègre nuit venir.
La lune parut, fit un spectre du menhir,
De l'étang un linceul, du sentier un mensonge,
Et du noir paysage inexprimable un songe ;
Et rien ne bougea plus dans la grotte, et, pendant
Que les astres sacrés marchaient vers l'occident
Et que l'herbe abritait la taupe et la cigale,
La respiration du grand lion, égale
Et calme, rassurait les bêtes dans les bois.
Tout à coup des clameurs, des cors et des abois.
Un de ces bruits de meute et d'hommes et de cuivres,
Qui font que brusquement les forêts semblent ivres,
Et que la nymphe écoute en tremblant dans son lit,
La rumeur d'une chasse épouvantable emplit
Toute cette ombre, lac, montagne, bois, prairie,
Et troubla cette vaste et fauve rêverie.
Le hallier s'empourpra de tous les sombres jeux
'une lueur mêlée à des cris orageux.
On entendait hurler les chiens chercheurs de proies ;
Et des ombres couraient parmi les claires-voies.
Cette altière rumeur d'avance triomphait.
On eût dit une armée ; et c'était en effet
Des soldats envoyés par le roi, par le père,
Pour délivrer le prince et forcer le repaire,
Et rapporter la peau sanglante du lion.
De quel côté de l'ombre est la rébellion,
Du côté de la bête ou du côté de l'homme ?
Dieu seul le sait ; tout est le chiffre, il est la somme.
Les soldats avaient fait un repas copieux,
Étaient en bon état, armés d'arcs et d'épieux,
En grand nombre, et conduits par un fier capitaine.
Quelques-uns revenaient d'une guerre lointaine,
Et tous étaient des gens éprouvés et vaillants.
Le lion entendait tous ces bruits malveillants,
Car il avait ouvert sa tragique paupière ;
Mais sa tête restait paisible sur la pierre,
Et seulement sa queue énorme remuait.

Au dehors, tout autour du grand antre muet,
Hurlait le brouhaha de la foule indignée ;
Comme un essaim bourdonne autour d'une araignée,
Comme une ruche autour d'un ours pris au lacet,
Toute la légion des chasseurs frémissait ;
Elle s'était rangée en ordre de bataille.
On savait que le monstre était de haute taille,
Qu'il mangeait un héros comme un singe une noix,
Qu'il était plus hautain qu'un tigre n'est sournois,
Que son regard faisait baisser les yeux à l'aigle ;
Aussi lui faisait-on l'honneur d'un siège en règle.
La troupe à coups de hache abattait les fourrés ;
Les soldats avançaient l'un sur l'autre serrés,
Et les arbres tendaient sur la corde les flèches.
On fit silence, afin que sur les feuilles sèches
On entendît les pas du lion, s'il venait.
Et les chiens, qui selon le moment où l'on est
Savent se taire, allaient devant eux, gueule ouverte,
Mais sans bruit. Les flambeaux dans la bruyère verte
Rôdaient, et leur lumière allongée en avant
Éclairait ce chaos d'arbres tremblant au vent ;
C'est ainsi qu'une chasse habile se gouverne.
On voyait à travers les branches la caverne,
Sorte de masse informe au fond du bois épais,
Béante, mais muette, ayant un air de paix
Et de rêve, et semblant ignorer cette armée.
D'un âtre où le feu couve il sort de la fumée,
D'une ville assiégée on entend le beffroi ;
Ici rien de pareil ; avec un vague effroi,
Tous observaient, le poing sur l'arc ou sur la pique,
Cette tranquillité sombre de l'antre épique ;
Les dogues chuchotaient entre eux je ne sais quoi ;
De l'horreur qui dans l'ombre obscure se tient coi,
C'est plus inquiétant qu'un fracas de tempête.
Cependant on était venu pour cette bête,
On avançait, les yeux fixés sur la forêt,
Et non sans redouter ce que l'on désirait ;
Les éclaireurs guettaient, élevant leur lanterne ;
On regardait le seuil béant de la caverne ;
Les arbres frissonnaient, silencieux témoins ;
On marchait en bon ordre, on était mille au moins...
Tout à coup apparut la face formidable.
On vit le lion.

Tout devint inabordable
Sur-le-champ, et les bois parurent agrandis ;
Ce fut un tremblement parmi les plus hardis ;
Mais, fût-ce en frémissant, de vaillants archers tirent,
Et sur le grand lion les flèches s'abattirent,
Un tourbillon de dards le cribla. Le lion,
Pas plus que sous l'orage Ossa ni Pélion
Ne s'émeuvent, fronça son poil, et grave, austère,
Secoua la plupart des flèches sur la terre ;
D'autres, sur qui ces dards se seraient enfoncés,
Auraient certes trouvé qu'il en restait assez,
Ou se seraient enfuis ; le sang rayait sa croupe ;
Mais il n'y prit point garde, et regarda la troupe ;
Et ces hommes, troublés d'être en un pareil lieu,
Doutaient s'il était monstre ou bien s'il était dieu.
Les chiens muets cherchaient l'abri des fers de lance.
Alors le fier lion poussa, dans ce silence,
A travers les grands bois et les marais dormants,
Un de ces monstrueux et noirs rugissements
Qui sont plus effrayants que tout ce qu'on vénère,
Et qui font qu'à demi réveillé, le tonnerre
Dit dans le ciel profond : Qui donc tonne là-bas ?

Tout fut fini. La fuite emporte les combats
Comme le vent la brume, et toute cette armée,
Dissoute, aux quatre coins de l'horizon semée,
S'évanouit devant l'horrible grondement.
Tous, chefs, soldats, ce fut l'affaire d'un moment,
Croyant être en des lieux surhumains où se forme
On ne sait quel courroux de la nature énorme,
Disparurent, tremblants, rampants, perdus, cachés.
Et le monstre cria : – Monts et forêts, sachez
Qu'un lion libre est plus que mille hommes esclaves.

Les bêtes ont le cri comme un volcan les laves ;
Et cette éruption qui monte au firmament
D'ordinaire suffit à leur apaisement ;
Les lions sont sereins plus que les dieux peut-être ;
Jadis, quand l'éclatant Olympe était le maître,
Les Hercules disaient : – Si nous étranglions
A la fin, une fois pour toutes, les lions ?
Et les lions disaient : – Faisons grâce aux Hercules.

Pourtant ce lion-ci, fils des noirs crépuscules,
Resta sinistre, obscur, sombre ; il était de ceux
Qui sont à se calmer rétifs et paresseux,
Et sa colère était d'une espèce farouche.
La bête veut dormir quand le soleil se couche ;
Il lui déplaît d'avoir affaire aux chiens rampants ;
Ce lion venait d'être en butte aux guet-apens ;
On venait d'insulter la forêt magnanime ;
Il monta sur le mont, se dressa sur la cime,
Et reprit la parole, et, comme le semeur
Jette sa graine au loin, prolongea sa clameur
De façon que le roi l'entendit dans sa ville :

– Roi ! tu m'as attaqué d'une manière vile !
Je n'ai point jusqu'ici fait mal à ton garçon ;
Mais, roi, je t'avertis, par-dessus l'horizon
Que j'entrerai demain dans ta ville à l'aurore,
Que je t'apporterai l'enfant vivant encore,
Que j'invite à me voir entrer tous tes valets,
Et que je mangerai ton fils dans ton palais.

La nuit passa, laissant les ruisseaux fuir sous l'herbe
Et la nuée errer au fond du ciel superbe.

Le lendemain on vit dans la ville ceci :

L'aurore ; le désert ; des gens criant merci,
Fuyant, faces d'effroi bien vite disparues ;
Et le vaste lion qui marchait dans les rues.


La epopeya del león

III. Cacería nocturna

Quedó solo el León... En el olvido
que rodea a las fieras se durmió.
Vino la noche, se apagó el ruido
y en el cielo la luna apareció...
Espectro es cada roca blanquecina,
cada árbol un fantasma colosal;
cirios los astros; la sutil neblina
una helada mortaja funeral.
No cantan las cigarras... En su nido
el ave muda se guarece al fin...
la igual respiración del León dormido
tranquiliza a las bestias del confín...
Mas se oye de repente un clamor vago
de voces de hombre y trompas de metal,
y al par anuncian destrucción y estrago
los ladridos de estrépito infernal
¡Es una cacería, horrible, extraña,
que interrumpe aquel sueño encantador!
La colina, y el valle, y la montaña
despiertan y se agitan de terror...
Un ejército finge...y es lo cierto:
¡un ejército viene a batallar
con el monstruo feroz, que acaso ha muerto
al príncipe que el cetro iba a heredar!
Y soldados, monteros y mastines,
se derraman del bosque en lo interior
para encerrar la fiera en sus confines
y arrancarle la presa á su furor...
¿Por qué en lo humano hay iras tan severas?
¿por qué el hombre del bruto corre en pos?
Del problema, los hombres y las fieras
son las cifras:-¡la suma es sólo Dios!
Los soldados recuerdan sus campañas
y aprestan otra nueva, en un festín;
soñando ser, en bríos y en hazañas,
cada cual en la lucha un paladín.
Y marchan, avivando sus corceles,
persiguiendo la fiera con afán…
suenan las trompas, ladran los lebreles
y tras el rastro apresurados van...
Sigue la confusión... El León oyóla,
alza los ojos, que la turba ven…
mas no se levantó… la enorme cola
sólo siguió moviendo con desdén...

Fuera de la caverna se sentía
de la irritada gente el ronco estrépito,
zumbando cual enjambre que á una araña
persigue y la rodea en un momento
o como amenazar suele rabiosa
una jauría al oso prisionero…
¡así al León los cazadores buscan
maniobrando en el orden de un ejército!
Sabíase que el monstruo era terrible,
que tumbaba y comíase un guerrero
cual si fuera una nuez, que parte y traga,
así como jugando, un mico hambriento;
que era astuto y esquivo más que el tigre,
de águila su ojo y de titán sus nervios;
¡por eso en toda regla se le hacía
todo en honor de tan pomposo asecho!
La tropa los zarzales destrozaba,
y apretados marchaban los flecheros,
parándose otras veces, por si oían
los pasos del León por el sendero.
Llevados de su instinto, hacia adelante
rastros buscaban los mastines diestros,
sigilosos también, sin hacer ruido,
listas las patas y el hocico abierto…
Las antorchas la hierba iluminaban
y vistos al fulgor de sus reflejos,
los árboles, gigantes parecían
que a la turba miraban con desprecio...
Cuando un hogar se incendia el humo sale,
el bronce vibra si se sitia un pueblo,
¡mas, nada aquí se escucha...nada...nada,
ni ruido, ni señal: todo es silencio!
El miedo, si al silencio hace su cómplice,
es más terrible que el mayor estruendo;
¡por eso los que al monstruo altivos siguen
buscan á un tiempo y temen el encuentro!
¡Ya dan con la caverna! Alzan las luces...
mil serán los soldados, por lo menos...
¡De repente, llenando el horizonte,
aparece terrífico un objeto!

¡Vióse al León! En el instante todo
engrandecido apareció... De espanto
pareció que la brisa enmudecía,
y combatientes y árboles temblaron
Mas repuestos los fuertes cazadores,
contra la fiera emprenden nuevo asalto,
y su cuerpo acribilla una tremenda
lluvia feroz de flechas y de dardos.
No se irrita el León... cual no se irritan
la Osa ni Peleo, si los rayos
de horrible tempestad trisulcos cruzan
entre sus crines de lucientes astros...
Sólo encoge la piel la herida fiera,
y al sacudir su cuerpo lacerado,
de las agudas puntas se desprende,
aunque no se liberta de su estrago…
Otro, sin duda, al verse tan herido,
se hubiera entre las breñas escapado,
no así el León que, cansando á los monteros,
como un dios, de su rabia no hace caso.
Los perros callan...; pero el monstruo lanza
un rugido tan hondo y tan extraño,
que en lo alto el trueno se despierta y dice:
-"¿Quién por allá en la tierra está tronando?"

Y todo concluyó...La turba escapa,
cual el viento disipa á los nublados,
como si aquel rugido hubiera sido
el eco de algún mito sobrehumano...
Todos, jefes, soldados y monteros,
de aquel campo de horror huyen temblando,
y escuchan, al huir, que el León les dice:
-"¡No amedrentan a un libre mil esclavos!"

Las fieras tienen gritos cual los volcanes lavas:
estallan, y su cólera se disminuye así.
Mas nunca cual los dioses las fieras son tan bravas:
¡en medio de sus ímpetus saben volver en sí!
Cuando el Olimpo al mundo regía, se dijeron
los Hércules titánicos: -"¡No quede ni un León!"-

En cambio los Leones al reto respondieron
sonriendo: -"De los Hércules tengamos compasión..."-
Y este León sombrío, tranquilo y majestuoso
cual la hora del crepúsculo, no osó venganza hallar:
de la tranquila noche bajo el oscuro manto,
él quiere ser pacífico, dormir y descansar...
Amaneció... La cima trepó del alto monte,
y altivo, revistiéndose de regia majestad,
así dijo orgulloso mirando el horizonte,
con voz que escuchó atónita la próxima ciudad:

- "¡Oh rey! tú te has portado tan vil como cobarde
haciendo que un ejército me venga a combatir:
en nada ofendí al niño; ¡mas de mi enojo alarde
haré, y ante tus súbditos lo mirarás morir!"
Alumbro el sol… Altivo el León se aproximaba
y sin soltar al príncipe entraba a la ciudad.

Con paso firme y lento la fiera caminaba;
y al verla el pueblo tímido- "¡Piedad! -gritó-"¡piedad!"-

Versión de José Antonio Soffia

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Victor Hugo -L'épopée du lion- IV. L'aurore-
L'épopée du lion
Victor Hugo (1802 -1885)

IV. L'aurore

Le blême peuple était dans les caves épars.
A quoi bon résister ? Pas un homme aux remparts ;
Les portes de la ville étaient grandes ouvertes.
Ces bêtes à demi divines sont couvertes
D'une telle épouvante et d'un doute si noir,
Leur antre est un si morne et si puissant manoir,
Qu'il est décidément presque impie et peu sage,
Quand il leur plaît d'errer, d'être sur leur passage.
Vers le palais chargé d'un dôme d'or massif
Le lion à pas lents s'acheminait pensif,
Encor tout hérissé des flèches dédaignées ;
Une écorce de chêne a des coups de cognées,
Mais l'arbre n'en meurt pas ; et, sans voir un archer,
Grave, il continuait d'aller et de marcher ;
Et le peuple tremblait, laissant la bête seule.
Le lion avançait, tranquille, et dans sa gueule
Effroyable il avait l'enfant évanoui.
Un petit prince est-il un petit homme ? Oui.
Et la sainte pitié pleurait dans les ténèbres.
Le doux captif, livide entre ces crocs funèbres,
Était des deux côtés de la gueule pendant,
Pâle, mais n'avait pas encore un coup de dent ;
Et, cette proie étant un bâillon dans sa bouche,
Le lion ne pouvait rugir, ennui farouche
Pour un monstre, et son calme était très furieux ;
Son silence augmentait la flamme de ses yeux ;
Aucun arc ne brillait dans aucune embrasure ;
Peut-être craignait-on qu'une flèche peu sûre,
Tremblante, mal lancée au monstre triomphant,
Ne manquât le lion et ne tuât l'enfant.

Comme il l'avait promis par-dessus la montagne,
Le monstre, méprisant la ville comme un bagne,
Alla droit au palais, las de voir tout trembler,
Espérant trouver là quelqu'un à qui parler,
La porte ouverte, ainsi qu'au vent le jonc frissonne,
Vacillait. Il entra dans le palais. Personne.

Tout en pleurant son fils, le roi s'était enfui
Et caché comme tous, voulant vivre aussi lui,
S'estimant au bonheur des peuples nécessaire.
Une bête féroce est un être sincère
Et n'aime point la peur ; le lion se sentit
Honteux d'être si grand, l'homme étant si petit ;
Il se dit, dans la nuit qu'un lion a pour âme :
– C'est bien, je mangerai le fils. Quel père infâme ! –
Terrible, après la cour prenant le corridor,
Il se mit à rôder sous les hauts plafonds d'or ;
Il vit le trône, et rien dedans ; des chambres vertes,
Jaunes, rouges, aux seuils vides, toutes désertes ;
Le monstre allait de salle en salle, pas à pas,
Affreux, cherchant un lieu commode à son repas ;
Il avait faim. Soudain l'effrayant marcheur fauve
S'arrêta.

Près du parc en fleur, dans une alcôve,
Un pauvre être, oublié dans la fuite, bercé
Par l'immense humble rêve à l'enfance versé,
Inondé de soleil à travers la charmille,
Se réveillait. C'était une petite fille ;
L'autre enfant du roi. Seule et nue, elle chantait.
Car l'enfant chante même alors que tout se tait.
Une ineffable voix, plus tendre qu'une lyre,
Une petite bouche avec un grand sourire,
Un ange dans un tas de joujoux, un berceau,
Crèche pour un Jésus ou nid pour un oiseau,
Deux profonds yeux bleus, pleins de clartés inconnues,
Col nu, pieds nus, bras nus, ventre nu, jambes nues,
Une brassière blanche allant jusqu'au nombril.
Un astre dans l'azur, un rayon en avril,
Un lys du ciel daignant sur cette terre éclore,
Telle était cette enfant plus douce que l'aurore ;
Et le lion venait d'apercevoir cela.

Il entra dans la chambre, et le plancher trembla.

Par-dessus les jouets qui couvraient une table,
Le lion avança sa tête épouvantable,
Sombre en sa majesté de monstre et d'empereur,
Et sa proie en sa gueule augmentait son horreur.
L'enfant le vit, l'enfant cria : – Frère ! mon frère !
Ah ! mon frère ! – et debout, rose dans la lumière
Qui la divinisait et qui la réchauffait,
Regarda ce géant des bois, dont l'œil eût fait
Reculer les Typhons et fuir les Briarées.
Qui sait ce qui se passe en ces têtes sacrées ?
Elle se dressa droite au bord du lit étroit,
Et menaça le monstre avec son petit doigt.
Alors, près du berceau de soie et de dentelle,
Le grand lion posa son frère devant elle,
Comme eût fait une mère en abaissant les bras,
Et lui dit : – Le voici. Là ! ne te fâche pas !


La epopeya del león

IV. La aurora

El pueblo, entre tanto, se oculta medroso.
Defensa no cabe ¿á qué batallar?
Las puertas abiertas están, y orgulloso
por ellas al monstruo se mira pasar.
Al regio recinto, que de oro bruñido
su cúpula eleva, se obstina en seguir.
Ninguno importuno pretende atrevido,
cruzando su paso, su marcha impedir.
Cual roble que recto se eleva, aunque herido,
el monstruo orgulloso, terror de la grey,
despacio al palacio se va decidido
llevando en sus dientes al hijo del rey…
¿Un príncipe es un niño?¡Sí! y el odio
no alcanza á él...Por eso diligente
la Santa Compasión, su ángel custodio,
cuidaba en el peligro al inocente.
Pálido entre los dientes de la fiera
colgaba el niño, por el cuello asido,
y una mordaza de silencio era
que sofocaba su feroz rugido.
Tremenda era la calma y el horrible
silencio del León, cuya mirada,
en cada puerta, con rencor terrible
se clavaba en la gente amedrentada.
Así pasando por la calle estrecha
desarmaba a la cólera el cariño,
pues cada cual temía que su flecha
sin herir al León matase al niño…
Cual lo había en el monte prometido,
como cárcel desdeña la ciudad,
y hacia el palacio avanza decidido
a hacer sentir su regia majestad.
Las rejas sin cerrarse, en su abandono
franco acceso hasta lo íntimo le dan.
Entra en los patios; el salón y el trono
solos, cual los vestíbulos, están.

Lamentando del niño la desgracia
había huído el asustado rey,
que, si para luchar falto de audacia,
con él trataba de salvar la ley...
No hallando allí ni á quién mirar siquiera,
desagradado se sintió el León,
pensando cuán enorme es una fiera
¡y cuán pequeños los humanos son!
E invocando a las sombras así dijo:
« ¡Infame padre sin piedad ni amor!
¡dejar morir á su indefenso hijo
sin disputarlo altivo á su raptor!
« ¡Pues está bien, devoraré a este niños
i nadie me lo quiere disputar! »
Y entre salas de púrpura y armiño
y techos de oro, comenzó a vagar.
Para hacer su comida, paso a paso
un aposento cómodo buscó;
por fin, del hambre atormentada acaso,
de repente la fiera se paró...

Cerca del parque, en olvidada alcoba
una niña inocente está dormida
en el sueño feliz en que se arroba
tranquila y pura la niñez querida.
¡Es la hijita del rey, que oye la trova
del Angel de su guarda interrumpida
por unos pasos que á explicar no acierta,
cuyo ruido, sin susto, la despierta!
Desnudita se sienta y en la cuna,
¡que era el nido de un ave! un ángel bello
parecía, ó un lirio á que la luna
alumbra con su cándido destello.
No hay en su rostro turbación ninguna:
sus ojos son turquesas; su cabello
hebras de oro; y artísticos pedazos
de alabastro sus manos y sus brazos.

El León entró á la alcoba... Tembló el piso...

Miró á la niña y se detuvo...Echarlo
ella intenta: ve al niño...y de improviso
« ¡Es mi hermanito! » dice, y va a abrazarlo...
El León, turbado, detenerla quiso:
ella alza su dedito… Al contemplarlo,
él suelta al niño y dice: -« ¡No me arrojes:
tu hermanito está aquí! ¡no, no te enojes! »

Versión de José Antonio Soffia

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Victor Hugo -Le feu du ciel-
Le feu du ciel
Victor Hugo (1802 -1885)

I
La voyez-vous passer, la nuée au flanc noir?
Tantôt pâle, tantôt rouge et splendide à voir,
Morne comme un été stérile?
On croit voir à la fois, sur le vent de la nuit,
Fuir toute la fumée ardente et tout le bruit
De l'embrasement d'une ville.

D'où vient-elle? des cieux, de la mer ou des monts?
Est-ce le char de feu qui porte les démons
À quelque planète prochaine?
Ô terreur! de son sein, chaos mystérieux,
D'où vient que par moments un éclair furieux
Comme un long serpent se déchaîne?

II
La mer! partout la mer! des flots, des flots encor.
L'oiseau fatigue en vain son inégal essor.
Ici les flots, là-bas les ondes;
Toujours des flots sans fin par des flots repoussés;
L'oeil ne voit que des flots dans l'abîme entassés
Rouler sous les vagues profondes.

Parfois de grands poissons, à fleur d'eau voyageant,
Font reluire au soleil leurs nageoires d'argent,
Ou l'azur de leurs larges queues.
La mer semble un troupeau secouant sa toison:
Mais un cercle d'airain ferme au loin l'horizon;
Le ciel bleu se mêle aux eaux bleues.

– Faut-il sécher ces mers? dit le nuage en feu.
– Non! – Il reprit son vol sous le souffle de Dieu.

III
Un golfe aux vertes collines
Se mirant dans le flot clair! –
Des buffles, des javelines,
Et des chants joyeux dans l'air! –
C'était la tente et la crèche,
La tribu qui chasse et pêche,
Qui vit libre, et dont la flèche
Jouterait avec l'éclair.

Pour ces errantes familles
Jamais l'air ne se corrompt.
Les enfants, les jeunes filles,
Les guerriers dansaient en rond,
Autour d'un feu sur la grève,
Que le vent courbe et relève,
Pareils aux esprits qu'en rêve
On voit tourner sur son front.

Les vierges aux seins d'ébène,
Belles comme les beaux soirs,
Riaient de se voir à peine
Dans le cuivre des miroirs;
D'autres, joyeuses comme elles,
Faisaient jaillir des mamelles
De leurs dociles chamelles
Un lait blanc sous leurs doigts noirs.

Les hommes, les femmes nues
e baignaient au gouffre amer. –
Ces peuplades inconnues,
Où passaient-elles hier? –
La voix grêle des cymbales,
Qui fait hennir les cavales,
Se mêlait par intervalles
Aux bruits de la grande mer.

La nuée un moment hésita dans l'espace.
– Est-ce là? – Nul ne sait qui lui répondit: – Passe!
(...)


El fuego del cielo

I
¿Veis pasar esa nube pavorosa,
ora roja, ora pálida, sombría
cual estéril estío? Tal parece
que en alas de la noche tenebrosa
huye de una ciudad el grande incendio.
¿De dó viene? ¿del cielo ó de Oceano?
¿Es el carro de fuego en que demonios
tal vez á algún planeta van cercano?
¡Ah! de su seno, caos misterioso,
de cuándo en cuándo un rayo tortuoso,
como larga serpiente, baja al llano.

II
¡El mar! ¡doquier el mar! ¡doquier las olas!
En vano el ave, en busca de la tierra,
apresura, afanosa, el raudo vuelo:
¡agua en redor, y por encima el cielo!
Las ondas por las ondas empujadas,
van en tropel: los ojos no descubren
aquí y allí sino ondas agrupadas.
A intervalos los peces que viajando
van á flor de agua, en juego con las olas,
hacen brillar al sol sus conchas de oro
y el suave nácar de sus anchas colas.
Semeja el mar rebaño que sacude
su vellón; vago círculo de bronce
limita el horizonte en lontananza;
el cielo azul se mezcla con las ondas…

- « ¿Debo secar el mar? » dice la nube.
- « ¡No! »
Recobra su aliento, y rauda sube.

III
Allí está un golfo cuya verde orilla
se proyecta en el agua perezosa:
se oyen trinos, tal vez de la avecilla,
de esos que alegran la mañana hermosa.
Allí asoma la tienda de la tribu
que, libre al sol y al agua, pesca y caza,
y alegre vive de su pobre industria.
Puras son sus costumbres: allí el niño,
la doncella, el guerrero, sobre el césped
danzan, dadas las manos con cariño;
y de la llama del hogar en torno,
que abate el viento y se reanima luego,
se dan a dulce canto y dulce juego.
Las doncellas, tan negras como el ébano,
bellas como la noche, sonreían
viéndose en sus espejos, y extraían
luego la leche a sus camellas dóciles.
Bañábanse desnudos los varones
y las mujeres, todos inocentes,
en el cerúleo golfo… Esas naciones
¿dó moraban ayer? Voces hirientes
de címbalos se mezclan a los ruídos
de los vientos del mar estremecidos...

La nube se detiene vacilante.
- « ¿Es aquí? »...
Y alguien dícele: -« ¡Adelante! »
(...)

Versión de Enrique Alvarez

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Victor Hugo -Les enfants pauvres-
Les enfants pauvres
Victor Hugo (1802 -1885)

Prenez garde à ce petit être ;
Il est bien grand, il contient Dieu.
Les enfants sont, avant de naître,
Des lumières dans le ciel bleu.

Dieu nous les offre en sa largesse ;
Ils viennent ; Dieu nous en fait don ;
Dans leur rire il met sa sagesse
Et dans leur baiser son pardon.

Leur douce clarté nous effleure.
Hélas, le bonheur est leur droit.
S'ils ont faim, le paradis pleure.
Et le ciel tremble, s'ils ont froid.

La misère de l'innocence.
Accuse l'homme vicieux.
L'homme tient l'ange en sa puissance.
Oh ! quel tonnerre au fond des cieux,

Quand Dieu, cherchant ces êtres frêles
Que dans l'ombre où nous sommeillons
Il nous envoie avec des ailes,
Les retrouve avec des haillons !


Los niños pobres

Son luces del infinito
que Dios nos presta, bendito,
las criaturas al nacer.
¡Hija, cuida al pobrecito,
que en él á Dios puedes ver!

Son de su bondad largueza,
de su gloria rico don;
hay en los niños grandeza,
en sus lágrimas riqueza,
y en su sonrisa perdón.

Es su dote la alegría;
dióles Dios felicidad.
Si tienen hambre, sombría
se ve su luz. Temblaría
con su frío la Caridad.

La miseria en la inocencia
hace al hombre criminal:
el niño es ángel, esencia
pura, y horrible demencia
es abandonarlo al mal.

Si Dios nos envía con alas
sus ángeles por amor,
¿cómo ofrecerles por galas
los harapos y las malas
tentaciones del dolor ?

Versión de Medardo Rivas

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Victor Hugo -La grand-mère
La grand-mère
Victor Hugo (1802 -1885)

Dors-tu ?... réveille-toi, mère de notre mère !
D'ordinaire en dormant ta bouche remuait ;
Car ton sommeil souvent ressemble à ta prière.
Mais, ce soir, on dirait la madone de pierre ;
Ta lèvre est immobile et ton souffle est muet.

Pourquoi courber ton front plus bas que de coutume.
Quel mal avons-nous fait, pour ne plus nous chérir ?
Vois, la lampe pâlit, l'âtre scintille et fume ;
Si tu ne parles pas, le feu qui se consume,
Et la lampe, et nous deux, nous allons tous mourir !

Tu nous trouveras morts près de la lampe éteinte.
Alors, que diras-tu quand tu t'éveilleras ?
Tes enfants à leur tour seront sourds à ta plainte.
Pour nous rendre la vie, en invoquant ta sainte,
Il fraudra bien longtemps nous serrer dans tes bras !

Donne-nous donc tes mains dans nos mains réchauffées.
Chante-nous quelque chant de pauvre troubadour.
Dis-nous ces chevaliers qui, servis par les fées,
Pour bouquets à leur dame apportaient des trophées,
Et dont le cri de guerre était un nom d'amour.

Disnous quel divin signe est funeste aux fantômes ;
Quel ermite dans l'air vit Lucifer volant ;
Quel rubis étincelle au front du roi des Gnomes ;
Et si le noir démon craint plus, dans ses royaumes,
Les psaumes de Turpin que le fer de Roland.

Ou, montre-nous ta Bible et les belles images,
Le ciel d'or, les saints bleus, les saintes à genoux,
L'enfant-Jésus, la crèche, et le boeuf, et les mages ;
Fais-nous lire du doigt, dans le milieu des pages,
Un peu de ce latin, qui parle à Dieu de nous.

Mère !... - Hélas ! par degrés s'affaisse la lumière,
L'ombre joyeuse danse autour du noir foyer,
Les esprits vont peut-être entrer dans la chaumière...
Oh ! sors de ton sommeil, interromps ta prière ;
Toi qui nous rassurais, veux-tu nous effrayer ?

Dieu ! que tes bras sont froids ! rouvre les yeux... Naguère
Tu nous parlais d'un monde, où nous mènent nos pas,
Et de ciel, et de tombe, et de vie éphémère,
Tu parlais de la mort... dis-nous, ô notre mère !
Qu'est-ce donc que la mort ? - Tu ne nous réponds pas !

Leur gémissante voix longtemps se plaignit seule.
La jeune aube parut sans réveiller l'aïeule.
La cloche frappa l'air de ses funèbres coups ;
Et, le soir, un passant, par la porte entrouverte
Vit, devant le saint livre et la couche déserte,
Les deux petits enfants qui priaient à genoux.


La abuela

¡Oh madre de nuestra madre!¿estás durmiendo? ¡Despierta!
Otras veces en tus sueños murmuras y balbuceas,
y parece que aun dormida hablas con alguien y rezas;
mas hoy estás tan inmóvil como la virgen de piedra,
y á tus labios silenciosos ni el aliento vida presta.

¿Por qué más sobre tu pecho hoy inclinas la cabeza?
Dínos, ¿qué daño te hicimos para que ya no nos quieras?
Mira: la pálida lámpara se extingue; el hogar humea;
y si no quieres hablarnos como solías, abuela,
lámpara, hogar y nosotros morirémos de tristeza.

¿Qué dirás, cuando despiertes de ese letargo, y nos veas
a nosotros dos ya muertos, muerto el fuego, la luz muerta?
También entonces tus hijos sordos serán á tus quejas.
Para que resucitemos al cielo harás mil promesas,
y bien habrás de abrazarnos para darnos vida nueva.

Tiéndenos tus manos frías que nuestras manos calientan;
y de antiguos trovadores cántanos coplas añejas.
Háblanos de los guerreros que servían fadas bellas,
y á sus damas les llevaban en vez de flores, banderas;
dínos el nombre amoroso que era su grito de guerra.

Dínos cómo se conjuran los fantasmas. ¡Ay, abuela!
cuéntanos aquella historia de un monje que vió en su celda
a Lucifer por los aires volar con alas siniestras;
dínos á quién el Demonio teme más, en su caverna,
a los mandobles de Orlando o a los salmos de la Iglesia.

Vén; enséñanos tu Biblia con sus láminas tan bellas,
los Santos de azul y de oro, y el cielo con tánta estrella,
y el Niño, el buey y los magos...; y esas latinas sentencias
que á Dios hablan de nosotros, descífranos letra a letra.

La luz oscila y se apaga, descienden las sombras densas;
quizás ya por la ventana malos espíritus entran...
Tú, que el miedo nos quitabas, hoy nuestro pavor aumentas.
¡Cielos! tu mano está fría! A veces, con ansia tierna,
nos hablabas de otro mundo do cada paso nos lleva,
de la gloria del sepulcro, de la vida pasajera,
y de la muerte... ¡la muerte! ¿Qué es la muerte? ¿No contestas?

Y oyéronse largo rato sus sollozos. Y risueña
rayó al fin la blanca aurora, y no despertó a la abuela.
Dió al aire lúgubres sones la campana de la aldea,
y un pastor vió aquella noche, por la mal cerrada puerta,
delante del santo libro, junto a la cama desierta,
dos niños arrodilladosque rezaban con voz trémula.

Versión de Teodoro Llorente

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